J’ai toujours su que ce jour arriverait.
Pour mes parents, qui l’ont pourtant faite construire, cette maison était avant tout un investissement dont la vente leur permettrait un jour d’acheter une villa en Provence. J’ai grandi avec leur rêve mais il ne m’a pas préparée à dire adieu à la maison de mon enfance.
Il y a tellement de détails que j’aimerais ne jamais oublier, et que j’aurais aimé pouvoir toujours retrouver. La clarté jaune de la porte d’entrée vitrée, le dessin des grilles forgées des fenestrons, les craquements du parquet de l’étage, le robinet de la cuisine monté à l’envers, la vue du ciel depuis mon lit, l’odeur de poussière du sous-sol, le poster fleuri de la salle de bain, l’usure du béton de la terrasse, la cassette audio dans ma vieille chaine hi-fi…  Mais lors de ma dernière visite, j’ai réalisé qu’il était déjà presque trop tard pour les capturer. Cette maison, pleine de cartons, n’était déjà plus ma maison…
J’ai trié mes souvenirs avec nostalgie, j’ai vidé ma chambre et je suis rentrée à Grenoble, en me disant qu’il était temps de « construire » ma maison.

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