« C’est sublime, non ? »
Je restais perplexe devant cette toile grise recouverte d’une suite de nombres peints en blanc. Hermétique à l’esthétique de l’œuvre, je ne savais que répondre à mon amie.
Puis on m’expliqua…
On m’expliqua que l’artiste, Roman Opalka, avait débuté en 1965 une série de toiles noires à taille humaine sur lesquelles il peignait en blanc ce compte qui matérialisait l’écoulement impalpable mais inexorable du temps. 1, 2, 3… Aucune toile n’est datée mais elles portent toutes le même titre « Opalka 1965, de 1 à l’infini », suivi d’un « Détail » « numéroté », précisant le premier nombre peint en haut à gauche de la toile. Roman Opalka poussa sa démarche artistique jusqu’à ajouter 1% de blanc au fond noir de ses toiles successives pour qu’elles blanchissent progressivement. Comme ses cheveux. Il se prenait en photo devant chacun de ses tableaux achevés.
Le compte s’est arrêté à 5 607 249 et aujourd’hui, les pièces de cet incroyable puzzle temporel sont dispersées à travers le monde. J’en ai découvert une au musée de Grenoble …