Il ne fallut finalement pas très longtemps pour que les voyages finissent par nous lasser… À travers les réseaux sociaux, les mêmes photos, des mêmes paysages, des mêmes monuments, des mêmes mises en scène… donnaient l’impression que les destinations qui autrefois nous faisaient rêver étaient finalement devenus d’une banalité presque ennuyante. Les mêmes images démultipliées ne suscitaient plus l’envie mais avaient peu à peu dissout le plaisir de la découverte. Elles nous donnaient l’impression d’avoir déjà tout vu, tout expérimenté, par procuration. Avec les outils numériques, nous pouvions même nous rendre virtuellement n’importe où sans craindre les moustiques, sans risquer d’attraper un virus endémique. Alors, à quoi bon prendre un avion pour aller à l’autre bout du monde ?
Heureusement, ce changement de comportement nous avait permis de redécouvrir un espace d’évasion infini, offrant des possibilités illimitées permettant de voyager à travers le temps et l’espace, mais aussi de changer de sexe ou d’âge, de vivre des aventures incroyables dans des mondes irréels. Un espace de rêverie où il n’y avait pas d’autres limites que l’imagination de l’auteur et de son lecteur, créant décors et personnages au fil des pages. Nous avions redécouvert à quel point la lecture était une source intarissable d’expériences et d’aventures… Se promener dans les collines de Marcel Pagnol, ou les montagnes chinoises de François Cheng, vivre une année à Venise avec Lauren Elkin ou quitter la Terre avec Jules Verne, aimer passionnément avec Douglas Kennedy ou résoudre un mystère avec Conan Doyle, remonter le temps avec Bernard Werber… Rien n’était impossible avec les mots.
Alors au retour de vacances, nous ne comparions plus nos bronzages, nous ne nous demandions plus « tu étais où ? » mais avidement : « alors, qu’as-tu lu ? »